Histoire du musée



A l’origine du projet : Alfred Boucher

En 1902, Alfred Boucher était un artiste connu, reconnu, qui accumulait les distinctions et les commandes publiques. Il vivait entre Aix-les-Bains et Paris où, cette année-là, il ouvre la Ruche pour loger ses collègues artistes moins fortunés. Pourtant, il n’avait pas oublié la ville qui l’avait vu grandir et, en 1902 toujours, il est à l’origine de la création du musée de Nogent-sur-Seine. Dès l’inauguration, la collection renferme un fonds de sculptures significatif qui s’accroît rapidement dans les années qui suivent. Aux dons d’Alfred Boucher, s’ajoutent ceux d’autres sculpteurs ou de leurs ayants droit. Ainsi, quelques-unes des pièces maîtresses du musée Camille Claudel sont déjà présentées en 1902 : Le Souvenir de Paul Dubois, Première Pensée d’amour de Marius Ramus, les bustes de ses parents par Alfred Boucher. Cependant, la collection ne se cantonne alors pas à la sculpture. Alfred Boucher offre une partie de sa collection de peintures et d’arts graphiques, à laquelle s’ajoutent les dons de peintres contemporains tels que le paysagiste Léonce Vaÿsse. D’autres donateurs sont à l’origine d’un fonds hétéroclite de gravures, antiques, médailles, monnaies… Un ensemble très complet de céramiques est dû à la générosité conjuguée de la manufacture de Sèvres (792 objets) et d’Élise Boucher, l’épouse d’Alfred Boucher (54 objets). Cette participation exceptionnelle de la Manufacture de Sèvres a été certainement favorisée par les relations personnelles d’Alfred Boucher et trouve son prolongement dans les très importants dépôts accordés par la Cité de la céramique pour la réouverture du musée en 2017.

La façade du musée Dubois-Boucher, carte postale
La façade du musée Dubois-Boucher, carte postale © musée Camille Claudel
La galerie de sculpture, dispositions d’origine, carte postale
La galerie de sculpture, dispositions d’origine, carte postale

Installation du premier musée Dubois-Boucher

En 1902, le musée est d’abord installé au rez-de-chaussée du « Château », une ancienne demeure acquise par la municipalité en 1899 qui se dresse au milieu d’un jardin public. Il s’étend au premier étage dès 1903 puis, en 1905, une ancienne remise située en contrebas est rénovée et transformée en galerie de sculptures. Celle-ci est conçue pour accueillir des œuvres aussi monumentales que la Jeanne d’Arc de Paul Dubois et le Monument au docteur Ollier d’Alfred Boucher qui entrent alors dans les collections. Cette extension contribue à positionner l’établissement comme un musée de sculpture, même si les fonds de peinture et d’archéologie continuent à s’enrichir jusqu’au coup d’arrêt amené par la Seconde guerre mondiale. Le musée est pillé et beaucoup d’œuvres du fonds constitutif ne sont plus localisées aujourd’hui. Après-guerre, la sculpture française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle est complètement déconsidérée et le reste longtemps fermé. C’est finalement pour présenter le produit des fouilles archéologiques locales que le bâtiment retrouve sa fonction de musée en 1974. Puis, en 1978, Jacques Piette est nommé conservateur et entreprend un travail colossal d’inventaire, d’étude, de restauration et de mise en valeur des collections. Les bâtiments sont rénovés et la galerie des sculptures restaurée est inaugurée en 1995.

La galerie de sculpture du musée Dubois-Boucher après 1995
La galerie de sculpture du musée Dubois-Boucher après 1995

Naissance du musée Camille Claudel

En 2003, une exposition Camille Claudel est organisée à Nogent-sur-Seine avec les collections réunies par Reine-Marie Paris, la petite-nièce de l’artiste, et Philippe Cressent. Son énorme succès - quelques 40 000 visiteurs en trois mois – fait naître l’idée de donner une nouvelle ambition au musée Dubois-Boucher en le dotant d’un fonds Camille Claudel significatif. Deux premières œuvres sont acquises : une Étude pour la Tête d’Hamadryade (2006) et L’Implorante (petit modèle) (2007) puis, en 2008, Reine-Marie Paris et Philippe Cressent acceptent de vendre à la ville les collections qu’ils ont constituées au cours de longues années de recherches. La même année, Persée et la Gorgone, le seul marbre monumental de l’artiste, est acquis grâce au mécénat d’entreprises et à la participation de l’État (Fonds national du patrimoine). Enfin, en 2008 toujours, la municipalité acquiert la maison habitée par Camille Claudel avec ses parents de 1876 à 1879. Les bases du projet du musée Camille Claudel sont posées. Yves Bourel puis, à partir de 2012, Françoise Magny, conçoivent un projet qui allie la présentation de la carrière de Camille Claudel à sa contextualisation. La première partie du parcours présente ainsi un panorama de la sculpture française au temps de Camille Claudel grâce au fonds du musée Dubois-Boucher et à une soixantaine de dépôts accordés par quinze institutions différentes. L’ensemble est remis en valeur grâce à une campagne de restauration complète et à l’écrin conçu par l’architecte Adelfo Scaranello.

En juillet 2013, vue sur la façade extérieure de la maison Claudel dégagée après les déconstructions.
En juillet 2013, vue sur la façade extérieure de la maison Claudel dégagée après les déconstructions.
Le musée Camille Claudel au début de l’année 2015, l’on peut observer la toiture entièrement rénovée.
Le musée Camille Claudel au début de l’année 2015, l’on peut observer la toiture entièrement rénovée.
Le musée Camille Claudel en juillet 2015.
Le musée Camille Claudel en juillet 2015.
Le musée Camille Claudel avant son ouverture au public.
Le musée Camille Claudel avant son ouverture au public. © Marco Illuminati